approuve une condamnation historique de la répression des journalistes par le régime
Les Parlement européen a approuvé ce jeudi une condamnation historique de la répression des journalistes au Maroc en pleine implication marocaine dans le scandale du Qatargate et sous la pression du régime alaouite, qui a déployé sa diplomatie à Strasbourg pour tenter d’empêcher en vain un mouvement historique.
Il a été approuvé par 396 des 439 députés qui ont participé au vote. Le « non » n’a recueilli que cinq soutiens. La résolution – promue par les socialistes, les libéraux Renew Europe, les Verts/ALE, le groupe des conservateurs et réformistes européens et la gauche – reproche au pays arabe « la détérioration continue de la liberté de la presse au Maroc, qui est tombée à la 135e place en 2022 ». Classement mondial de la liberté de la presse» et dénonce le harcèlement judiciaire, l’espionnage et l’emprisonnement auxquels il soumet les reporters locaux et étrangers.
La pression des autorités marocaines a été énorme ces derniers jours. Des partis frères du pays ont même écrit à leurs homologues européens pour dénoncer la prétendue campagne de diffamation menée par la monarchie de Mohamed VI et une délégation s’est rendue à Strasbourg pour un travail de lobbying. Des sources bien au fait des relations hispano-marocaines ont également fait état des pressions reçues par la diplomatie marocaine sur le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares pour conditionner le vote de la représentation espagnole dans le groupe socialiste à la Chambre, menaçant même de suspendre la réunion de haut niveau prévue pour les 1er et 2 février prochains à Rabat.
De Human Rights Watch, ils ont dénoncé il y a des semaines lors d’une conversation avec L’indépendant avoir documenté « des dizaines de condamnations de journalistes et de militants pour des accusations liées à la liberté d’expression, en violation flagrante de leurs droits ». « Ces procès se poursuivent et les autorités ont mis au point une approche différente pour les critiques les plus en vue, les poursuivant pour des crimes sans rapport avec leurs déclarations, tels que le blanchiment d’argent, l’espionnage, le viol et les agressions sexuelles, et même la traite des êtres humains », a ajouté l’organisation. .
La résolution du Parlement européen se concentre sur Omar Radiun journaliste espionné le premier avec des programmes comme l’Israélien Pégase puis poursuivis et emprisonnés sous de fausses accusations de crimes sexuels. Il a été condamné à six ans de prison. Le groupe de travail de l’ONU les qualifie de « détentions arbitraires » de Radi et de ses collègues Soulaïman Raissouni Oui Taoufik Bouachrine yy exige sa libération immédiate et inconditionnelle ainsi que la réparation des dommages causés. Le cas de harcèlement du journaliste espagnol Ignacio Cembrero est également cité.
Condamnation ferme de l’espionnage marocain
Autres demandes du Parlement européen, en détail
- Exhorte les autorités marocaines à mettre fin à la surveillance des journalistes, y compris par le biais de logiciels espions Pégase de l’ONS, et promulguent et appliquent une législation pour les protéger ; exhorte les États membres à cesser d’exporter des technologies de surveillance vers le Marocconformément au règlement sur les biens à double usage.
- demande la libération immédiate et inconditionnelle de Nasser Zefzafi, finaliste du prix Sakharov 2018; demande la libération de tous les prisonniers politiques; condamne les violations des droits des manifestants pacifiques et des militants en exil; déplore les procès et la condamnation entachés d’irrégularités de 43 manifestants de hirakainsi que sa torture en prison.
- demande à l’Union européenne et à ses États membres de continuer à soulever les cas des journalistes détenus et des prisonniers d’opinion auprès des autorités marocaines et d’assister à leurs procès; appelle l’UE à user de son influence pour parvenir à des améliorations concrètes de la situation des droits de l’homme au Maroc.
Le texte adopté exhorte Rabat à « respecter la liberté d’expression et la liberté des médias ; garantir aux journalistes emprisonnés, en particulier Omar Radi, Souleiman Raissouni et Taoufik Bouachrine, un procès équitable avec toutes les garanties de procédure, assurer leur libération provisoire immédiate et mettre fin au harcèlement de tous les journalistes » en plus de « respecter leurs obligations internationales en matière droits conformément à l’accord d’association UE-Maroc».
La Chambre souligne « la ferme condamnation de l’utilisation abusive des allégations d’agressions sexuelles pour dissuader les journalistes de faire leur devoir » et avertit que « cette utilisation abusive met en danger les droits des femmes ». Il se déclare également préoccupé par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient tenté de corrompre des membres du Parlement européen.
Précisément ce rejet intervient quelques semaines seulement après la visite controversée à Rabat du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. De son bureau, on a insisté sur le fait que « pour le moment, il n’y a aucune preuve » des irrégularités qui, en décembre, ont forcé le limogeage du vice-président du Parlement européen Eva Kaili après avoir dévoilé le complot de corruption orchestré par l’ancien eurodéputé italien Antonio Panzeri avec l’implication présumée du Qatar et du Maroc en échange d’une influence sur les décisions politiques.
Les dossiers de police ont trouvé jusqu’à 1,5 million d’euros en espèces, ce qui pourrait correspondre à des pots-de-vin avec l’intention ultime d’influencer les résolutions du Parlement. La diplomatie européenne confie l’affaire à la justice belge. « C’est entre leurs mains et nous avons pleinement confiance en leur travail », a ajouté l’équipe de Borrell. La Grèce et l’Italie ont également ouvert des enquêtes distinctes.