"Le Maroc est un partenaire fiable et stratégique"

« Le Maroc est un partenaire fiable et stratégique »

Josep Borrell a entamé 2023 sur le sol marocain, lors de sa première visite dans le pays en tant que chef de la diplomatie européenne. Un fait symbolique et controversé en pleine enquête en Belgique par les baptisés comme Qatargate, le scandale de corruption qui a pour épicentre le Parlement européen et qui implique le Maroc et le Qatar. Le socialiste espagnol a traversé la situation sur la pointe des pieds après avoir qualifié le régime de Rabat de « partenaire fiable, solide et stratégique ».

« Nous sommes préoccupés par ces nouvelles dont la presse s’est fait l’écho. Ils sont inquiétants et les accusations sont graves », a-t-il brièvement souligné lors d’une conférence de presse sans questions qu’il a tenue avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Naser Burita. « Évidemment, j’ai parlé avec le Premier ministre et Burita de l’enquête en cours pour corruption présumée de membres du Parlement européen », a-t-il indiqué.

« La position de l’UE est claire : tolérance zéro pour la corruption. Il faut attendre les résultats de l’enquête en cours des autorités judiciaires, qui feront toute la lumière sur tout cela. Ils ont l’entière collaboration du monde entier dans cette affaire », a-t-il ajouté sans donner plus de détails ni aborder l’implication marocaine. Borrell a lu une intervention écrite du début à la fin, sans quitter le script.

C’est tout ce qu’a dit le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité à propos du scandale qui a ébranlé il y a un mois les fondations du Parlement européen. Quelques dernières secondes seulement après avoir consacré son apparition à célébrer le « dynamisme » du Maroc et la volonté de Bruxelles d' »approfondir » l’association de l’Union européenne à la monarchie alaouite. Il n’a pas non plus abordé, à aucun moment, la répression croissante contre les journalistes, les militants et les intellectuels dans le pays.

L’une des initiatives lancées à l’occasion de sa visite est liée à la sécurité, elle a avancé. Parmi les raisons du renforcement des liens, il a cité les six millions de Marocains résidant sur le sol européen. Quelques éloges bien accueillis dans la capitale marocaine. Le premier ministre, Aziz Akhannouch, très proche de Mohamed VI, a mis en lumière le niveau des échanges entre les deux parties, qui a conduit le Maroc à se positionner comme le premier partenaire économique et commercial de l’Union européenne en Afrique. Les échanges ont dépassé les 45 milliards d’euros en 2021, soit le triple de ceux récoltés il y a dix ans.

Borrell prévoit de clôturer sa visite ce vendredi en donnant une conférence à Fès, dans la foulée de ce que José Luis Rodríguez Zapatero a fait en novembre dernier. Dans le différend sur le Sahara occidental, Borrell a assuré que la position européenne est de prôner une résolution « mutuellement acceptable » du conflit et dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

De son bureau, ils assurent que « pour le moment il n’y a aucune preuve » des irrégularités qui ont forcé en décembre le limogeage de la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, actuellement en détention préventive, après avoir découvert le complot de corruption orchestré par l’ancien italien L’eurodéputé Antonio Panzeri avec l’implication présumée du Qatar et du Maroc en échange d’une influence sur les décisions politiques.

« Personne n’a dit officiellement d’un point de vue judiciaire que le Maroc est coupable ou qu’il fallait éviter le Maroc dans les contacts internationaux », insistent leur équipe à un moment marqué justement par les investigations en Belgique pour clarifier les liens des accusés.

Les dossiers de police ont trouvé jusqu’à 1,5 million d’euros en espèces, ce qui pourrait correspondre à des pots-de-vin avec l’intention ultime d’influencer les résolutions du Parlement. La diplomatie européenne confie l’affaire à la justice belge. « C’est entre vos mains et nous avons pleinement confiance en votre travail », ajoutent-ils. La Grèce et l’Italie ont également ouvert des enquêtes distinctes.

Jusqu’à quatre personnes sont actuellement détenues par le Qatargate. Outre Kaili, il y a son partenaire et conseiller parlementaire, l’Italien Francesco Giorgi ; Pier Antonio Panzeri; et Niccolo Figa-Talamanca, le patron italien d’une ONG soupçonnée d’effectuer des versements aux eurodéputés. Ils sont accusés « d’organisation criminelle, de corruption et de blanchiment d’argent ».

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