Le Maroc punit les critiques de la normalisation avec Israël d'une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison
Jusqu'à cinq ans de prison pour avoir dénoncé et critiqué la normalisation des relations avec Israël. Des militants marocains regroupés dans une tribune dénoncent les poursuites et les condamnations à des peines allant jusqu'à cinq ans de prison contre plusieurs militants pour avoir manifesté contre la normalisation des relations entre leur pays et Israël.
Un rapport de la Plateforme marocaine de soutien aux prisonniers politiques, présenté cette semaine à Rabat, fait état de cas de personnes jugées pour leur participation à des manifestations ou pour leurs publications contre la normalisation sur les réseaux sociaux, rapporte l'Efe.
Ahmed Zehari, membre de la plateforme précitée, a évoqué trois militants condamnés à des peines comprises entre 18 mois et 5 ans de prison pour « outrage à une institution constitutionnelle par voie électronique », « incitation à commettre des crimes », « diffamation » ou « incitation à la haine. »
Le militant marocain a assuré que ces trois personnes étaient persécutées « pour leur position anti-normalisation et leur appartenance au mouvement Justice et Spiritualité », un mouvement islamiste illégal mais toléré par les autorités.
Zehari a également évoqué le cas d'un autre groupe de treize personnes actuellement jugées en liberté provisoire devant le tribunal de première instance de Salé pour avoir participé à une manifestation pro-palestinienne devant un supermarché, ainsi que le procès d'un autre militant dans la ville de Salé, au nord du pays. Berkane pour avoir envahi le terrain lors d'un match de football arborant le drapeau palestinien.
« Alors que nous attendions une réponse immédiate à cet appel populaire pour mettre fin à la normalisation avec l'entité sioniste, les autorités ont réprimé ceux qui s'opposaient à la normalisation en instrumentalisant la justice », a-t-il noté.
Répression continue
Le Maroc a rétabli ses relations avec Israël en décembre 2020 dans le cadre de ce que l'on appelle les Accords d'Abraham de rapprochement de l'État juif avec les pays arabes, qui dans le cas de Rabat ont eu lieu avec la médiation des États-Unis, qui en échange, il reconnaissait la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental.
Le rapport inclut d'autres cas de personnes qui, selon la plateforme, ont été jugées et incarcérées pour avoir « critique les autorités publiques » et cite, entre autres, celui de l'ancien ministre et avocat Mohamed Ziane, qui purge une peine de trois ans de prison depuis 2022 pour onze crimes.
Parmi ses recommandations, la plateforme demande au président du Conseil des droits de l'homme de l'ONU de faire pression sur le gouvernement marocain « pour qu'il s'engage à respecter les traités internationaux relatifs aux détentions arbitraires ».
Il a appelé à son tour les groupes parlementaires marocains à formuler des recommandations visant à modifier la loi sur la presse et le Code pénal afin de dépénaliser la critique des autorités publiques et à accorder une amnistie générale, conformément à l'article 71 de la Constitution, à ces prisonniers.