Le Royaume-Uni scelle le Brexit avec un accord européen sur l'Irlande du Nord

Le Royaume-Uni scelle le Brexit avec un accord européen sur l’Irlande du Nord

« Je veux montrer que le Brexit fonctionne et terminer le travail. » Rishi Sunak a montré son pragmatisme. « L’accord est conclu », a déclaré une source du gouvernement britannique à Sky News. Le Premier ministre britannique, en poste depuis octobre, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vont mettre en scène cet après-midi à Windsor l’accord sur le protocole d’Irlande du Nord, tâche en suspens du Brexit. Sunak est convaincu que les concessions faites par Bruxelles suffiront à satisfaire les syndicalistes nord-irlandais et les eurosceptiques de son parti.

Le protocole d’Irlande du Nord C’est une source de tension entre le Royaume-Uni et l’Union européenne depuis que le Brexit a commencé à être négocié. C’est nécessaire parce que le Royaume-Uni a quitté l’UE mais pas l’Irlande voisine, et en vertu de l’accord du Vendredi saint, il ne peut y avoir de frontière entre les deux Irlande.

Les modifications introduites dans le protocole permettent que les marchandises en provenance du Royaume-Uni ne passent pas les contrôles si elles vont en Irlande du Nord. C’est ce qu’on a appelé un couloir vert. Dans le reste des cas il y aura des contrôles, ou ce qu’on appelle coureur rouge.

De plus, le rôle de la Cour européenne de justice, la question la plus pertinente pour les syndicalistes, est relativement réduit, et le Parlement de Stormont a son mot à dire dans la nouvelle législation européenne concernant l’Irlande du Nord. La législation sur la TVA et les aides sera stipulée par Westminster, et non par Bruxelles. Ce que Londres ne pourra pas faire, comme l’ont prétendu Boris Johnson puis Liz Truss, c’est réécrire unilatéralement les règles du protocole.

Les syndicalistes ont assuré qu’ils allaient prendre leur temps pour se prononcer sur le protocole, bien que certaines sources aient pointé le temps irlandais qui étaient enclins à donner leur feu vert. Ils boycottent le Parlement de Stormont depuis des mois en raison de leur désaccord avec le protocole actuel. Leur force politique a été réduite de toute façon : lors des dernières élections, ils ont été deuxièmes et le Sinn Fein a gagné, qui n’a pas de représentation à Westminster par choix.

Les eurosceptiques du Parti conservateur conditionnent leur évaluation à ce que décident les syndicalistes. Le Premier ministre Sunak va faire une déclaration au Parlement. Il n’est pas nécessaire que le protocole soit voté, car il ne s’agit pas d’un nouvel accord mais d’un assouplissement de l’actuel, et dans son cas, le Labour le soutiendrait. Mais Sunak ne voudrait pas dépendre du Labour.

Cependant, en cette période de crise économique et avec le Parti conservateur en chute libre, ce serait une décision très risquée de montrer sa division et de gâcher la possibilité de fermer le Brexit afin qu’une nouvelle ère dans les relations avec l’UE, le plus grand marché, peut commencer, le seul au monde avec 500 millions de consommateurs.

A cela s’ajoute le fait que le président américain Joe Biden est particulièrement préoccupé par la clôture du protocole nord-irlandais. Si cette affaire reste en attente de résolution, les Accords du Vendredi saint, qui auront 25 ans le 10 avril, sont mis en péril.

Rishi Sunak marque avec cet accord le premier but important de son mandat, qui a débuté en octobre dernier, après que Liz Truss, la successeure de Boris Johnson, contrainte de quitter ses fonctions en raison des conséquences du Partygate, ait dû démissionner alors qu’elle était à peine à 45 jours en poste. Sa politique économique est un échec absolu et même les plus fidèles lui tournent le dos. Rishi Sunak, un millionnaire d’origine indienne, avait été ministre des Finances sous Boris Johnson.

Boris Johnson a précisément été l’une des voix les plus critiques sur les modifications convenues avec Bruxelles maintenant. Beaucoup voient dans son attitude une soif de revanche, puisque la démission de Sunak en juillet dernier a marqué la fin de son gouvernement.

Plus pragmatique que charismatique, Sunak était déterminé à fermer la page du Brexit de la meilleure façon possible. S’il parvient à obtenir quelques critiques, il aura obtenu son plus grand succès depuis son élection. Il en a besoin car les sondages montrent une large avance pour le Labour, mené par Keir Starmer.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit rencontrer le roi Charles III au château de Windsor. Le bureau du Premier ministre assure que c’est la décision du monarque et que ce n’est pas un facteur influençant l’accord sur l’Irlande du Nord. Tout le monde ne croyait pas à cette version du 10 Downing Street.

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