Le Maroc, impliqué dans le complot de corruption au Parlement européen
Le Qatargate grandit de jour en jour. Il n’y a pas que le Qatar qui aurait payé des pots-de-vin aux eurodéputés pour avoir influencé le législatif communautaire en leur faveur. Le Maroc est aussi dans le collimateur des chercheurs, puisqu’ils ont publié Le Spiegel et politique. Concrètement, un ambassadeur du Maroc dans un pays d’Europe de l’Est aurait offert de gros cadeaux à l’ancien eurodéputé italien Jetée Antonio Panzeri, lorsqu’il faisait partie de la sous-commission des droits de l’homme. Panzeri est l’un des quatre accusés dans l’affaire, avec la vice-présidente évincée du Parlement européen Eva Kaili, qui se trouve à la prison de Saint-Gilles dans la capitale belge. Son associé, Francesco Giorgi, conseiller parlementaire, est également accusé ainsi qu’un autre conseiller.
Selon l’enquête en cours du parquet belge, l’épouse de Panzeri, Maria Dolores Colleoni, et leur fille Silvia, étaient au courant des cadeaux qu’elles avaient reçus de quelqu’un qu’elles appelaient « le géant ». Une possibilité est que ce bienfaiteur était l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abdeharramin Atmoun. La femme et la fille de Panzeri sont accusées de complicité d’organisation criminelle, de corruption et de blanchiment d’argent. Les autorités belges demandent son extradition.
Panzeri a noué des contacts au Maroc lorsqu’il était député européen du groupe des socialistes et démocrates, entre 2004 et 2019. Il faisait partie de la délégation chargée de la diplomatie interparlementaire entre le Parlement européen et les chambres des pays du Maghreb. Il est aujourd’hui président de Fight Impunity, une ONG axée sur la lutte contre l’impunité et la défense des droits humains.
L’ancienne eurodéputée portugaise Ana Gomes, socialiste, a rappelé sur son compte Twitter comment Panzeri et d’autres « ont contrecarré les résolutions sur le Sahara Occidental et sur les droits de l’homme au Maroc ».
Lors des perquisitions dans les différents domiciles, la police belge a saisi 1,5 million d’euros. La famille de Panzeri, comme on peut le déduire des conversations consultées par l’enquête, a dépensé plus de 100 000 euros pendant les vacances de Noël l’année dernière au détriment de ces cadeaux. La femme s’est plainte que cette fois, ils n’allaient pas pouvoir profiter de ces luxes. De plus, il est possible qu’ils les passent en prison.