Le Maroc introduit en Espagne une carte du Sahara que la FIFA rejette

Le Maroc introduit en Espagne une carte du Sahara que la FIFA rejette

Lorsque l'incorporation du Maroc à la candidature tripartite pour la Coupe du monde 2030 pour remplacer l'Ukraineest apparu comme l’un des chevaux de bataille prévisibles et une friction plus que probable. Il s'agissait d'élucider comment les fédérations espagnole et portugaise de football réagiraient à la tentative du régime alaouite d'inclure le Le Sahara occidental, territoire non autonome selon l'ONU et dernier décolonisé en Afrique.

Dans le dossier de candidature à la Coupe du monde, présenté l'été dernier, le Maroc a atteint son premier objectif : que les deux autres fédérations acceptent comme un fait accompli la carte du pays qui remet en cause la légalité internationale et la réalité du terrain. Rabat contrôle de facto 80 % de l’ancienne colonie espagnole mais les 20 % restants sont aux mains du Front Polisario. Une inclusion que le rapport technique publié la semaine dernière par la FIFA a complètement détruit.

Le rapport d'évaluation des candidatures signé par l'institution qui régit les fédérations mondiales de football, basée en Suisse, évite de reproduire la carte du Maroc distribuée par la monarchie alaouite et s'en tient à celle internationalement reconnue, avec des frontières qui limitent le sud avec le Sahara occidental, qui était le 53ème province d'Espagne. La FIFA évite à deux reprises de satisfaire les désirs expansionnistes du Maroc.

Sources de la Fédération royale espagnole consultées par L'Indépendant Ils ont assuré que la carte, comme le reste des questions de la candidature, ont été abordées lors des réunions du comité, composé de membres des trois pays. De là est venue la décision d'accepter la cartographie proposée par le Maroc avec le territoire du Sahara occidental, dans laquelle Rabat ne situe aucun des six stades qu'il apporte à la candidature. Les sources consultées révèlent également que parmi les membres de la partie espagnole se trouve un représentant du Conseil supérieur des sports présidé par José Manuel Rodríguez Uribes, ancien ministre socialiste, et rappellent le tournant copernicien du gouvernement de Pedro Sánchez dans le conflit sahraoui, en soutenant le plan d’autonomie conçu par le Maroc.

Le résultat est que la partie espagnole de la commission a accepté d'inclure une carte que la FIFA a ensuite rectifiée. Pour soutenir la thèse de Rabat, Madrid a fait valoir qu'il s'agissait « d'une carte footballistique et non politique » dans laquelle il est reconnu que la fédération marocaine administre toutes les questions liées au sport dans le territoire contesté du Sahara occidental. « C'est ce que la FIFA elle-même reconnaît : que la fédération marocaine couvre ce territoire », insistent des sources de la fédération espagnole consultées par ce journal.

Carte différenciée du Maroc et du Sahara occidental, dans le rapport d'évaluation de la FIFA des candidatures à la Coupe du monde 2026.

La FIFA détruit l'argumentation de la RFEF

Une allégation qui démolit le dossier FIFA. L'argument avancé par la fédération espagnole, qui est en pleine réunion électorale pour élire le successeur de Luis Rubiales, n'est pas étayé par une simple vérification du rapport d'évaluation que la FIFA a préparé pour la précédente Coupe du monde, celle de 2026, lorsque celle-ci Rabat s'est présenté avec une candidature solo. Dans ce document, la carte du Maroc apparaît limitée à ses frontières internationalement reconnues. Clairement différencié, le territoire du Sahara occidental apparaît.

Au droit international et aux résolutions de l'ONU depuis octobre s'ajoutent les arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne qui ont annulé les accords de pêche et agricoles signés par Bruxelles et Rabat au motif que « le peuple du Sahara occidental n'a pas donné son consentement et a été conclu en violation des principes d’autodétermination et de l’effet relatif des traités. »

Un arrêt historique qui a irrité la monarchie de Mohamed VI et qui, comme l'indique également un autre arrêt concernant l'obligation d'étiqueter comme sahraouis les tomates et les melons importés dans l'UE en provenance du Sahara, démontre que « ledit territoire est différent de celui du Maroc ». . Les décisions reconnaissent également comme distinctes les populations du Maroc et du Sahara occidental, occupées depuis 1976 par le Maroc après le départ de l'Espagne du territoire et la signature d'accords sur la répartition du Sahara entre le Maroc et la Mauritanie déclarés nuls et non avenus par l'ONU.

Carte du Maroc sans Sahara Occidental dans le rapport technique de la FIFA pour la candidature 2026.

Rencontres précédentes

Depuis l'inclusion du Maroc dans l'organisation de la Coupe du monde 2030, les tentatives de Rabat pour voler la vedette se poursuivent. Les appréhensions aussi. Comme l'a rapporté ce journal cette semaine, le Gran Estadio Hasán II de Casablanca – dont la construction vient de démarrer – a obtenu le même score que les deux stades espagnols avec lesquels il est en compétition pour accueillir l'ouverture et la finale, le Bernabéu et le Camp Nou.

Il y a quelques mois, des sources de la fédération espagnole de football ont reconnu L'Indépendant un certain malaise dû au désir de prééminence de Rabat mais ils l'attribuent à la nature même du Maroc, une dictature dans laquelle rien ne bouge sans l'ordre et au plaisir du roi Mohamed VI et le Majzenla cour somptueuse qui dirige le pays au milieu des absences prolongées du monarque. Ces différences ont été attribuées, par exemple, aux déclarations publiées depuis le Maroc dans lesquelles la réalisation de la Coupe du monde est attribuée au leadership et à la clairvoyance de Mohamed VI dans un langage et une mise en scène qui surprennent et dérangent sur le sol européen.

La énième bagarre avait pour protagoniste le logo de la candidature, qui guidera les premières années depuis la désignation finale en décembre 2024 jusqu'à celle finale que choisira la FIFA. En décembre de l’année dernière, la presse marocaine a divulgué un emblème reprenant les couleurs des trois pays et portant la devise « Yalla Vamos 2030 ». Quelques mois plus tard, il a été présenté à la société comme logo définitif.

La candidature tripartite a une histoire courte mais mouvementée. En octobre 2023, le président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), Faouzi Lakjaa, a exprimé son souhait que la finale de la Coupe du monde de football se déroule dans le nouveau stade de Casablanca. Des propos que les sources consultées par ce journal considèrent comme « sortis de leur contexte ».

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