Le Maroc porte à quatre ans la peine de prison contre le YouTubeur qui accusait le ministre de la Justice de trafic de drogue

La justice marocaine durcit la peine de prison contre le YouTubeur Mohamed Reda Taoujni accusé d'avoir diffamé le ministre de la Justice, Adbellatif Ouahbi, en évoquant ses possibles liens avec le trafic international de drogue. Une cour d'appel a porté à quatre ans la peine de deux ans initialement prononcée en février dernier.

La Cour d'Appel d'Agadir a alourdi la peine suite au premier jugement signé par le Tribunal de Première Instance d'Agadir pour diffamation à l'encontre du Ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, dans le cadre d'une affaire de trafic de stupéfiants dite « Escobar du Sahara ». Fort de 189 000 abonnés sur YouTube, Reda Taoujni a dénoncé la connivence, au moins passive, de certains politiques marocains avec le trafic de drogue.

Sur les réseaux, certains ont critiqué la décision judiciaire.  » Reda Taoujni, pour avoir enquêté sur l'affaire 'Escobar del Sahara' et dénoncé une complicité au moins passive, a été condamné à 4 ans de prison. C'est bien plus, pour l'instant, que les acteurs de l'affaire précitée. La justice dans notre pays « C'est une blague de mauvais goût », a déclaré un internaute critique.

Le YouTubeur a accusé le ministre marocain de la Justice d'avoir « introduit en politique les personnes accusées de trafic de drogue ». « Nous avons le droit de demander si le parti est financé par l'argent de la drogue », a lancé Taoujni dans une vidéo publiée sur sa chaîne le 29 janvier.

Selon le portail Le360un site Internet lié aux services de renseignement de la dictature alaouite, Reda Taoujni, en détention préventive depuis le 12 février dernier, a été reconnu coupable par le tribunal de première instance d'Agadir (sud du pays) de diffamation, atteinte à la vie de personnes. et usurpation de profession.

Taoujni a publié avant son arrestation une série de vidéos dans lesquelles il appelait à la démission de Ouahbi, suite à l'implication de deux hommes politiques de son Parti Authenticité et Modernité (PAM) dans cette affaire.

« Escobar du Sahara » est le surnom d'un trafiquant de drogue malien nommé Ahmed Benbrahim, qui purge une peine de 10 ans de prison au Maroc et qui a décidé de révéler les noms de ses présumés complices marocains depuis sa prison au Maroc.

Cette démarche de Benbrahim a conduit à l'arrestation fin décembre dernier d'une vingtaine de personnes, dont le président du Wydad de Casablanca, l'ancien député Saïd Naciri, et le président de la région de l'Est du Maroc, l'ancien parlementaire Abdenabi Bioui, tous deux originaires de le PAM.