Les principales faiblesses du projet constitutionnel chilien

Les principales faiblesses du projet constitutionnel chilien

Après la soi-disant éclosion sociale, qui a commencé comme une protestation contre le prix de l’abonnement au métro de Santiago et s’est terminée par un plébiscite sur la Constitution politique de 1980, l’occasion s’est présentée au Chili de renverser la structure de l’État proposée par le général Augusto Pinochet. et la junte militaire. L’idée était révolutionnaire et captivante pour beaucoup : rédiger un nouveau texte constitutionnel par le biais d’une assemblée élue. Les participants à ce processus constitutionnel n’ont été élus que pour une telle fonction, pour mettre fin aux remous qui subsistaient de la dictature.

Le problème est que le texte que les Chiliens votent ce dimanche lors d’un plébiscite remplit cette tâche, mais va au-delà de ce qu’il devrait, en entrant dans des questions législatives, qui vont au-delà de celles définies dans une Constitution politique. La fonction de la Constitution dans un système démocratique libéral est de limiter le pouvoir de l’État, en garantissant les droits et libertés des citoyens qui y vivent. Ce projet de constitution entre pour réglementer les questions qui relèvent de la gestion gouvernementale du pouvoir exécutif, au-delà du rôle qui existe en tant qu’État.

articles controversés

Le premier article, qui considère le Chili comme un État plurinational, sert d’exemple. Cette définition attribue aux peuples originaires un statut différencié de sujet politique selon les autres. Et donc, sous réserve d’autres droits et obligations des citoyens différents du reste de la citoyenneté, rompant l’égalité entre les Chiliens.

Plus loin, l’article 14 stipule que le Chili fera de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone prioritaire dans ses relations internationales. L’article 18 cite que la nature est titulaire des droits reconnus dans la présente Constitution. L’article dix-neuf, section deux, stipule que les personnes bénéficient de garanties effectives, opportunes, pertinentes et universelles. Sans définir ce qui est considéré comme opportun et pertinent.

L’article 70 établit que les locaux privés sont inviolables et que les perquisitions doivent être effectuées sur décision judiciaire préalable, et ajoute, sauf dans les cas de flagrant délit prévus par la loi. Ce fait se trouve normalement dans la législation, pas dans une Constitution.

L’article 170% stipule qu’il est du devoir de l’Etat de promouvoir l’intégrité de la fonction publique et d’éradiquer la corruption sous toutes ses formes. Il n’est pas précisé ce qu’il signifie sous toutes ses formes.

Ensuite, il y a des articles plus arbitraires comme le 183, qui dit que l’État utilisera ses ressources « de manière raisonnable, optimale, efficace et efficiente ». Il ne définit pas non plus ce que signifie raisonnable, optimal, efficace et efficient dans cette section. L’article 309 établit que l’État reconnaît que les systèmes juridiques des peuples et des nations autochtones coexistent et sont coordonnés.

Il poursuit qu’ils doivent respecter les droits fondamentaux établis par la Constitution et les traités internationaux relatifs aux droits de l’homme. Mais il n’indique pas quelles sont les limites en termes de questions non liées aux droits fondamentaux, ni qui seront soumis à ces systèmes juridiques des nations autochtones. Autre exemple pour finir, le 376 crée l’Agence Nationale de Protection des Données en tant qu’entité constitutionnelle.

L’ébauche du projet de la nouvelle Constitution politique donne des réponses à la reconnaissance des peuples indigènes du Chili, une question très importante et historique. Comme il définit également le Chili comme un État social et juridique, où il y aura un État-providence garant.

trop interventionniste

Certains articles, parmi ceux cités, sont extrêmement arbitraires pour les majorités du moment qui peuvent se présenter, ainsi que conditionnent la politique gouvernementale par un parti pris dans le libellé constitutionnel. Il est excessivement interventionniste à certains égards pour que la crise institutionnelle que connaît actuellement le Chili puisse être résolue. De plus, cela donne plus de poids aux institutions actuelles, au-delà de la réforme des anciennes, ce qui était prévu lorsque le processus de réforme de la Constitution politique de 1980 a commencé.

Selon certains sondagesle « rejet » dépasserait l' »approbation » de 16 points, une tendance qui a commencé à se marquer à mesure que des fuites du projet de texte sont apparues, ainsi que certains problèmes liés aux mandants.

Ce fait ne doit pas être interprété comme une majorité nostalgique de la Constitution politique de 1980 et de ses réformes, car il en est arrivé au point de devoir en rédiger une nouvelle. Le fait est que le projet actuel ne répond plus à ce qui était revendiqué, et qu’un nouveau doit être lancé.

En conclusion, le « rejet » du projet constitutionnel est politiquement dirigé par le Chili Vamos, qui est l’UDI, Renouveau national et évolution politique. Puis le Parti républicain du Chili et le Parti populaire. Pour « l’approbation », prône la même faction qui a fait campagne pour Gabriel Boric au second tour. Il a gagné en décembre 2021 mais a pris ses fonctions le 11 mars 2022.

De cette façon, si le « rejet » l’emporte, il faudra veiller à ce que, bien qu’il s’agisse d’un plébiscite sur une question constitutionnelle, il ne finisse pas par devenir un signal d’alarme pour le gouvernement Boric, dont la popularité est tombée en dessous de 40 % en seulement six mois à la tête du pouvoir.


Bourses Guillem Il est politologue, Master en Sécurité, spécialiste des conflits, de la sécurité publique et de la Théorie de l’État.

A lire également