L’Allemagne cède et enverra ses chars Leopard en Ukraine pour combattre la Russie
Le gouvernement fédéral allemand a finalement décidé d’envoyer ses propres chars Leopard pour aider l’Ukraine dans la lutte contre la Russie, qui a commencé son invasion de ce pays le 24 février. De cette manière, l’expédition de ces réservoirs par d’autres pays européens, qui nécessitaient le feu vert de l’Allemagne en tant que pays de fabrication, sera également autorisée.
Au fur et à mesure des progrès Le Spiegel, Berlin a finalement pris cette décision après plusieurs semaines de pressions des alliés européens, menés par la Pologne, qui ont insisté sur l’urgence d’effectuer ces expéditions. Il a été décisif que les États-Unis envoient également Abrams M1. Berlin enverrait une compagnie (entre neuf et 14 voitures) de Leopard 2A6.
La Pologne avait montré sa volonté de mener une coalition avec les pays qui souhaitaient également envoyer des Leopard 2 sans compter sur l’Allemagne. Enfin, le gouvernement fédéral a exhorté Varsovie à demander une autorisation, ce qu’il a fait lundi. De plus, les troupes ont commencé à s’entraîner pour manipuler ces chars de combat. Les Léopards ont enfin « se libérer ».
Les Leopard 2 sont les chars de combat de première ligne les plus répandus parmi les armées européennes. Fabriqués en Allemagne, ils ont été conçus pour l’affrontement contre les armées du Pacte de Varsovie. Outre l’Allemagne, 13 autres pays européens possèdent un nombre important de Leopard 2. L’Ukraine réclame ce char depuis mars dernier, qui se distingue par sa mobilité, sa puissance de feu et sa précision. Il est également moins cher à entretenir et à ravitailler que l’Abrams américain.
Divergences au sein de la coalition
Pour le gouvernement de coalition dirigé par le social-démocrate Olaf Scholz, la question était devenue un problème interne, puisque ses partenaires, les Verts et les Libéraux (FDP) y étaient clairement favorables. Le vice-chancelier Robert Habeck avait déclaré la semaine dernière que l’Allemagne n’empêcherait pas d’autres pays de livrer le Leopard 2 à l’Ukraine. Plus claire a été la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, qui a déclaré dimanche soir à la chaîne française LCI qu’elle avait clairement dit que Berlin « ne s’y opposerait pas ». Habeck et Baerbock sont des Verts.
Le SPD, cependant, était réticent, craignant que la Russie ne considère ce geste comme une escalade. En réalité, le Kremlin a longtemps accusé l’Otan d’intervenir dans ce conflit par la petite porte.
Les sociaux-démocrates sont très marqués par l’Ospolitik, la politique de la main tendue vers l’Est, de l’après-guerre froide. Et dans l’inconscient collectif, et dans la conscience, l’image de la Seconde Guerre mondiale pèse, lorsque les chars allemands se sont battus contre les Soviétiques. D’où l’historien Timothy Garton Ash, écrire dans un article dans Gardien: « La leçon à retenir pour les Allemands n’est pas que les Allemands ne doivent pas utiliser leurs chars contre la Russie, mais qu’ils doivent le faire pour protéger les Ukrainiens, qui comptent parmi les grandes victimes d’Hitler et de Staline. »
Ce mardi plusieurs médias américains, comme le Poste de Washington et le le journal Wall Street, ont publié que les États-Unis avaient également décidé d’envoyer leurs puissants chars Abrams en Ukraine. L’Allemagne avait jusqu’ici nié que sa décision dépendait de celle des États-Unis, bien qu’elle ait souligné la nécessité d’un commun accord entre les alliés en faveur de l’Ukraine. Pour le chancelier Scholz, il était essentiel que l’envoi de chars de combat ne soit pas une action isolée mais coordonnée par les alliés.
Scholz et le président américain Joe Biden ont discuté de la question lors d’une conversation téléphonique le 17 janvier. Biden était en faveur de donner Abrams à Kyiv, mais le Pentagone ne l’a pas vu aussi clairement, selon Le journal de Wall Street. Enfin, l’Allemagne participera aux livraisons avec un nombre réduit de Leopard 2 mais donnera son feu vert à ceux qui veulent mettre à disposition de Kyiv ce qui fut le joyau de la couronne de la Bundeswehr.
Les premiers à offrir leurs chars de combat lourds furent les Britanniques, qui mettront 14 Challengers à la disposition des Ukrainiens. La France a mis à disposition l’AMX-10RC, bien qu’elle n’ait pas encore mentionné ses Leclerc, l’équivalent des Léopards allemands.
La Pologne, qui est en pleine modernisation de ses forces armées, avait mis à disposition au moins un Leopard 2, et la Finlande, la Suède et le Danemark étaient également favorables. L’Espagne a proposé une quarantaine de Leopard 2 en mai dernier, mais finalement la ministre de la Défense, Margarita Robles, a dû admettre qu’ils étaient devenus obsolètes et que ceux-ci ne fonctionneraient pas. Les plus modernes et en opération, 239 Leopard 2E dans différentes versions, sont répartis en cinq brigades.
Kyiv exigeait environ 300 Leopard 2, mais avec plus d’une centaine, il pourrait déjà commencer à faire la différence sur le champ de bataille. La technologie occidentale se distingue par sa plus grande précision. Jusqu’à présent, l’Ukraine et la Russie possédaient des chars de fabrication soviétique.
Après l’impasse de ces mois d’hiver, l’Ukraine prépare une contre-offensive pour tenter de reprendre le territoire ukrainien et la Russie mobilise des troupes pour ses propres opérations. Ce mardi marquait le 11e mois de guerre en Ukraine.