L’Iran entame son retrait militaire de Syrie en raison des progrès des rebelles

L’Iran entame son retrait militaire de Syrie en raison des progrès des rebelles

L'Iran a commencé l'évacuation de ses commandants et de son personnel militaire de Syrie suite à l'avancée des rebelles vers la ville de Homs et à la prise de la ville de Deraa en un nouveau revers pour la survie de Bashar Assad au pouvoir et entre d'intenses conversations à Doha, la capitale du Qatar, entre les diplomates iraniens, russes et turcs sur l'avenir du pays après 13 ans de guerre civile.

Dans une nouvelle perte territoriale pour Damas, des groupes armés locaux se sont emparés vendredi du régime de la ville de Deraa, berceau du soulèvement populaire de 2011 et située à 100 kilomètres au sud de la capitale, à la frontière avec la Jordanie. Il s’agit de la quatrième place importante que les troupes gouvernementales perdent la semaine dernière, après les places stratégiques d’Alep et de Hama. Les rebelles ont offert un couloir sûr aux soldats syriens pour quitter l'enclave.

La coalition dirigée par Hayat Tahrir al Sham, l'organisation islamiste qui a lancé il y a une semaine et demie une offensive depuis le nord d'Idlib, est aux portes de Homs. Son leader, Abou Mohamed al Jaulani, a déclaré que « l'heure de Homs est venue ». La Russie a également demandé à ses ressortissants de quitter la Syrie au plus vite.

Le régime perd le berceau de la révolution de 2011

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un large réseau d'informateurs sur le terrain, « les factions locales ont pris le contrôle de davantage de zones de la province de Daraa, y compris la ville de Daraa (…) Elles contrôlent désormais plus de 90 pour cent. de la province, à mesure que les forces du régime se retiraient successivement. » Le portail d'informations local Daraa24 a publié une déclaration d'un collectif de groupes rebelles locaux annonçant la constitution du soi-disant « Commandement des opérations du Sud », un alliance armée qui désigne Damas comme « son objectif principal », rapporte Efe. La Jordanie a annoncé la fermeture de sa frontière avec la Syrie, invoquant la situation sécuritaire.

Progrès au sud et à l’est

Des avancées rebelles ont également eu lieu dans d’autres villes syriennes. Selon des sources locales, les responsables de la municipalité Souweida – à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Deraa – aurait fui la ville après des affrontements entre forces de sécurité et milices de la secte minoritaire druze, prédominante dans la région. De leur côté, les forces dirigées par les Kurdes affirment avoir pris la ville de Deir Ezzorprincipal bastion du gouvernement dans l'est du pays.

Parallèlement, alors que la coalition islamiste progresse sensiblement vers Homs, Téhéran a entamé l'évacuation de son personnel déployé en Syrie, selon des sources officielles citées par le journal américain. New York Times. Parmi ceux qui ont quitté les zones contrôlées par le régime – jusqu’ici soutenu par l’Iran et la Russie – figurent des commandants des Forces Qods, la division des Gardiens de la révolution iraniens pour ses opérations à l’étranger.

Son retrait porte un nouveau coup dur à Bachar al-Assad, qui a réussi à se maintenir au pouvoir au cours de la dernière décennie grâce à l'aide militaire de la République des Ayatollahs et du Kremlin. Malgré le retrait des appels à l’aide, le niveau de soutien apporté par l’Iran et la Russie reste inconnu. Parmi les causes de cet effondrement rapide de l’armée syrienne figurent des forces démoralisées, frappées par la corruption et les bas salaires. Selon l'agence de presse officielle Sana, le ministère de la Défense a récemment annoncé une augmentation de 50 % de leurs salaires pour tenter d'arrêter l'hémorragie de leurs forces armées.

Diplomatie de haut niveau au Qatar

Le Qatar agit une fois de plus en tant que médiateur régional en accueillant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Iran, de la Russie et de la Turquie avec la reprise du conflit syrien comme principal ordre du jour. Les trois pays sont membres du processus d’Astana, créé pour mettre fin à la guerre civile syrienne. Les deux premiers ont jusqu’à présent soutenu Assad tandis que la Turquie a soutenu les rebelles et leur fief frontalier d’Idlib.

Les chefs de diplomatie des trois pays doivent se rencontrer en marge du Forum de Doha, un forum géopolitique qui se tient ces samedi et dimanche dans la capitale du Qatar. L'Iranien Abbas Araqchí s'entretiendra avec ses homologues russe et turc Sergueï Lavrov et Hakan Fidan, à un moment clé du conflit syrien, où Assad est de plus en plus dans les cordes.

A l'ouverture du forum, le Premier ministre qatari Mohamed ben Abdulrahman ben Jassim Al Zani a évoqué la situation syrienne dans le contexte du cessez-le-feu convenu entre Israël et le Liban et de l'opération israélienne dans la bande de Gaza, qui fête ses 14 mois ce samedi et dans laquelle le Qatar a repris ses efforts de médiation. « Le succès de la médiation au Liban reflète notre vision de faire face aux crises à travers une approche globale et holistique », a-t-il noté.

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