Poutine a rejeté un accord de paix que son envoyé a conclu dès le début de la guerre
Le dirigeant russe Vladimir Poutine a rejeté un accord provisoire avec le gouvernement de Kiev conclu par son envoyé en Ukraine, Dmitry Kozak, juste après le début de l’invasion le 24 février. L’Ukraine allait rester en dehors de l’OTAN, ce qui était la principale demande de la Russiecomme le confirment plusieurs sources à l’agence Reuters. Poutine a préféré poursuivre son « opération militaire spéciale », même s’il avait réalisé ce qu’il avait initialement prévu.
Dmtry Kozak, d’origine ukrainienne, a recommandé à Poutine de l’accepter pour éviter une opération à grande échelle. Cependant, Poutine a changé son plan à la volée. Le chef du Kremlin s’était plaint à plusieurs reprises de l’élargissement de l’Otan aux frontières de la Russie et avait accusé l’Ukraine de vouloir rejoindre l’Alliance atlantique, ce qui constituerait une « menace existentielle » pour Moscou. Il a justifié l’intervention par cet argument, en plus de faire allusion aux mauvais traitements infligés aux pro-russes dans le Donbass.
Mais lorsque l’émissaire lui a présenté l’accord, il a dit que les concessions n’étaient pas suffisantes et qu’il avait élargi ses objectifs. Il voulait annexer le territoire ukrainien. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à Reuters : « Rien de tel ne s’est jamais produit. C’est incorrecte ».
Dmtry Kozak n’a pas répondu à l’agence. Lieutenant de Poutine depuis qu’il cohabitait avec lui à la mairie de Saint-Pétersbourg, il a mené les pourparlers avec la délégation ukrainienne sur le Donbass, une région partiellement contrôlée par les séparatistes pro-russes depuis 2014.
Mijailo Podolyak, conseiller du président ukrainien, a toujours soutenu que les négociations avaient été une ressource russe pour gagner du temps et se préparer à l’invasion. Il n’a confirmé à aucun moment qu’il y ait eu un accord préliminaire. « Aujourd’hui, nous comprenons clairement que la partie russe n’a jamais été intéressée par un règlement pacifique », a déclaré Podolyak.
Des trois sources consultées par Reuters, dans l’anonymat, une indique que cet accord provisoire a été conclu avant l’invasion.
On ne sait pas si la guerre aurait été évitée si Poutine avait accepté ce premier accord intérimaire. Il n’est pas certain que le président ukrainien Volodimir Zelensky se soit engagé dans l’accord.
Ce que le Kremlin appelle une « opération militaire spéciale » est devenue la plus grande campagne militaire menée en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. La Russie avait l’intention de le conclure rapidement après avoir pris Kyiv mais n’a pas atteint cet objectif et a modifié sa stratégie pour d’abord sécuriser tout le Donbass. En septembre, ils récoltent défaite sur défaite dans ce domaine, notamment dans la région de Kharkov. Les Ukrainiens ont reconquis 6 000 kilomètres carrés en moins de deux semaines, et il y a des signes de nervosité au Kremlin : le Parti communiste appelle à la mobilisation générale.